vendredi 6 avril 2012

Péter Esterházy : Pas question d'art


Après le bouleversant diptyque romanesque composé de Harmonia Cælestis et Revu et corrigé, entièrement consacré à la figure du père, Péter Esterházy décline ici le thème de la mère. Se jouant subtilement des frontières entre fiction et réalité, le grand romancier hongrois la ressuscite en prenant plaisir à brouiller les pistes.
Si Pas question d’art foisonne d’anecdotes au sujet de la mère, comme sa prétendue passion pour la question du hors-jeu en football, ou sa ressemblance avec la reine d’Angleterre, Esterházy semble surtout suivre librement le ressac de sa pensée, en contournant pour notre plus grand bonheur les règles de la narration classique. Les réflexions de l’auteur sur l’amour, la filiation, Dieu, la maladie et le ballon rond s’enchaînent et nourrissent une narration impossible à circonscrire, tant ses embranchements et ses rebondissements sont multiples. Tout cela est ironique et drôle, même si l’obsession de la mort – le narrateur doit prononcer l’oraison funèbre du coach, mais aussi creuser la tombe de la mère – caresse avec gravité le texte.
Pas question d’art fouille et approfondit ainsi les thèmes chers à Esterházy, dans une écriture «thomas-bernhardienne» encore plus libre que celle des précédents ouvrages. Sa mythologie personnelle est constamment modifiée, revue et corrigée, et bon nombre d’épisodes contradictoires s’entrechoquent dans le texte, comme pour nous dire que la vérité n’est jamais là où nous croyions l’avoir trouvée. Insaisissable, en somme.
L'auteur
Péter Esterházy est né à Budapest en 1950. Il a reçu les plus importantes distinctions littéraires en Hongrie et dans toute l’Europe. Son œuvre comprend notamment une quinzaine de romans, traduits dans un grand nombre de pays. De lui, les Éditions Gallimard ont déjà publié Trois anges me surveillent (Du monde entier, 1989), Les verbes auxiliaires du cœur (Du monde entier, 1992), Le livre de Hrabal (Du monde entier, 1994), Une femme (Du monde entier, 1998), L’œillade de la comtesse Hahn-Hahn (Arcades n° 60), Harmonia Cælestis (Du monde entier, 2001), Revu et corrigé (Du monde entier, 2005).

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L’écrivain hongrois Péter Esterházy fête sa mère, jubilatoire !
"Après deux grands livres autour de la figure de son père, l’écrivain hongrois Péter Esterházy, revient à la figure de sa mère qui traverse plusieurs de ses ouvrages. Elle est la figure centrale et fantasque de son nouveau livre : « Pas question d’art ».

L’ombre du père, les lumières de la mère

Pas question d’art ? On a envie de répondre qu’il n’est question que de ça, tant les livres d’Esterházy quand ils traitent de sa famille, sont loin de tout récit familial classique, de toute confession brute, ou de travail scrupuleusement documentaire." La suite sur rue89.com

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